À Djerba, le henné n’est pas qu’un simple élément esthétique du mariage : c’est un rituel sacré, ancré dans l’histoire, la religion et la culture locale. Il représente la pureté, la fertilité, la protection contre le mauvais œil et l’entrée de la jeune femme dans une nouvelle vie.
Le portage du henné (ou “Journée du henné”) est l’une des étapes incontournables du mariage traditionnel djerbien, généralement célébrée la veille de la cérémonie religieuse (la fatha). Il s’agit d’un moment féminin, festif et intime, où la mariée est entourée de ses tantes, sœurs, cousines, voisines et amies. C’est dans cet espace que les mains et les pieds de la mariée sont décorés de motifs de henné.
Mais le terme “portage” fait aussi référence à l’arrivée solennelle du henné dans la maison de la mariée, souvent porté dans un plateau décoré, accompagné de musiques traditionnelles, de chants, de youyous et parfois même de danses avec des bougies. Ce henné n’est pas acheté à la dernière minute : il est préparé avec soin par des femmes de la famille ou une spécialiste, dans le respect d’un rituel.
Le henné est d’abord tamisé, mélangé avec de l’eau de rose, parfois avec du thé ou des huiles essentielles, pour obtenir une pâte homogène. Il est ensuite appliqué à la seringue ou au bâtonnet, en traçant des motifs traditionnels : fleurs, arabesques, formes géométriques, souvent inspirés des symboles berbères ou andalous.
Outre le henné, on prépare aussi :
Un plateau décoré recouvert de tissus brodés.
Des bougies décoratives, parfois portées en équilibre sur la tête lors de danses rituelles.
De l’encens brûlé dans des m'bakhars (brûle-parfum), pour purifier l’espace.
Des pâtisseries traditionnelles, comme les makrouds ou les ghriba, partagées entre les invitées.
La cérémonie du henné est aussi un temps de transmission entre femmes. C’est là que les aînées prodiguent leurs conseils à la future épouse, lui chantent des chansons anciennes, lui rappellent ses responsabilités, mais aussi les beautés du mariage. Il s’y mêle souvent des larmes, de la tendresse et des rires, dans un climat profondément humain.
Dans certains cas, on organise deux cérémonies : l’une pour la mariée, et l’autre pour le marié, où lui aussi reçoit un peu de henné sur la main droite, dans un geste symbolique.
Le henné est censé :
Protéger la mariée du mauvais œil ou des jalousies.
Lui porter chance et fécondité dans sa nouvelle vie.
Symboliser la joie et le bonheur conjugal.
Donner une beauté naturelle, sublimée par les motifs temporaires.
Plus le henné est foncé sur la peau, plus cela est interprété comme un bon présage, signe d’un amour fort et d’une union réussie.
Aujourd’hui, même dans les mariages modernes à Djerba, la cérémonie du henné reste très populaire, bien qu’adaptée : parfois plus courte, plus sobre, ou stylisée selon les goûts. Certaines mariées font appel à des hennayas professionnelles pour un design plus complexe. D'autres intègrent de la musique live, du violon ou du mezoued, et parfois des tenues inspirées de l'époque andalouse ou ottomane.
Ce qui ne change pas : c’est la dimension émotionnelle, la richesse symbolique, et l’attachement à ce moment suspendu entre passé et avenir.
Elle connecte la mariée à ses racines familiales et culturelles.
Elle célèbre la féminité dans toute sa spiritualité.
Elle crée un espace de lien intergénérationnel et communautaire.
Elle marque une transition essentielle dans la vie d’une femme.
Le portage de henné dans le mariage djerbien n’est pas un simple geste décoratif. C’est une célébration du lien, de la mémoire et de la beauté, profondément ancrée dans l’histoire de Djerba. En perpétuant ce rituel, les Djerbiens affirment une fois de plus que leurs traditions ne sont pas figées, mais vivantes, vibrantes, et en constante réinvention. Un moment intime, symbolique, inoubliable.
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