Nichée dans le golfe de Gabès, l'île de Djerba ne séduit pas seulement par ses plages dorées et son ciel azur. Elle recèle aussi un patrimoine artisanal unique, dont l’un des joyaux les plus emblématiques reste sans conteste l’artisanat de cuivre. Bien au-delà de la simple création d’objets décoratifs, c’est un art de vivre, un langage transmis par le feu, le métal et les mains expertes de ses artisans.
Depuis des siècles, les Djerbiens travaillent le cuivre avec une minutie héritée de leurs ancêtres berbères, andalous et ottomans. Les techniques, parfois jalousement gardées, se transmettent dans le cadre familial ou au sein d’ateliers discrets. Les archives orales et les récits populaires racontent que ce métier existait bien avant l’ère moderne, lorsque les caravaniers rapportaient du cuivre brut depuis les montagnes de l'intérieur du pays.
Dans les ruelles ombragées de Houmt Souk, capitale artisanale de l’île, ou dans les quartiers tranquilles de Midoun, les ateliers de cuivre font entendre leur symphonie métallique : cliquetis de marteaux, crépitement des flammes, grincement des outils. À l’intérieur, l’ambiance est à la fois studieuse et poétique. Ici, le cuivre brut est martelé, chauffé, gravé, poli… jusqu’à devenir plateau ciselé, lanterne ajourée, miroir aux motifs géométriques ou encore théière aux courbes orientales.
Le travail du cuivre est un art complexe. Tout commence par la découpe de feuilles de cuivre, souvent recyclées ou importées. Ensuite vient le martelage, qui permet de donner la forme souhaitée à l’objet. Puis, la pièce passe entre les mains du graveur ou du ciseleur, qui, à l’aide de petits burins, trace des motifs floraux, arabesques ou symboles berbères. Enfin, une patine est appliquée pour protéger le cuivre ou lui donner un effet vieilli très apprécié des amateurs de décoration.
Bien que fidèle à la tradition, l’artisanat du cuivre djerbien ne cesse d’évoluer. Face à la demande croissante des touristes et des designers, les artisans innovent : formes épurées, intégration du bois, du verre ou du fer forgé, couleurs émaillées, éclairages LED dans les luminaires. Cette ouverture n’efface pas pour autant les racines du métier, bien au contraire. Elle offre une nouvelle vie à un artisanat parfois menacé par la mondialisation.
"Je travaille le cuivre depuis l’âge de 14 ans. C’est mon père qui m’a tout appris. À l’époque, on fabriquait surtout des ustensiles de cuisine pour les familles de Djerba. Aujourd’hui, les clients viennent du Canada, de France ou même du Japon. Je fais parfois des pièces sur mesure. C’est un métier dur, mais chaque pièce que je termine me rend fier."
À travers les objets en cuivre, c’est toute l’âme de l’île qui s’exprime. Chaque motif, chaque coup de marteau raconte une partie de l’histoire djerbienne. Les plateaux gravés utilisés lors des mariages, les lanternes qui illuminent les patios ou les bassines autrefois utilisées pour les ablutions sont bien plus que de simples objets : ce sont des fragments vivants d’une culture enracinée dans le respect des traditions.
L’artisanat de cuivre est devenu un attrait touristique majeur à Djerba. De nombreux visiteurs repartent avec un souvenir unique, façonné à la main. Certains ateliers proposent même des démonstrations en direct, voire des ateliers participatifs. Cette interaction entre le touriste et l’artisan redonne un souffle nouveau à la profession, en valorisant le temps, l’effort et la créativité derrière chaque œuvre.
Comme beaucoup de métiers artisanaux, le travail du cuivre souffre aujourd’hui d’un manque de relève. Peu de jeunes se lancent dans ce métier exigeant physiquement, préférant des voies plus numériques. Pourtant, des initiatives locales tentent de relancer l’apprentissage par des formations, des coopératives et des collaborations avec des écoles d’art. Djerba pourrait même envisager de labelliser certains produits pour protéger leur origine et garantir leur authenticité.
L’artisanat de cuivre à Djerba n’est pas seulement un métier, c’est un patrimoine vivant, riche de sens, de beauté et d’humanité. Dans un monde dominé par la production de masse, il rappelle l’importance du fait main, du temps long, et du lien entre l’homme et la matière. Que vous soyez amateur d’art, voyageur curieux ou simple amoureux des belles choses, une visite dans un atelier de cuivre à Djerba vous marquera à jamais.
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Palais du Baron d’Erlanger en sidi bousaid Tunis
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